PARK
GUITAR WOLF
Lille, l'Aéronef,
le 28 mai 2004
On se presse au deuxième étage d'Euralille pour accéder à une soirée japonaise organisée dans le cadre de Lille 2004.
Des japonais à Lille, pourquoi pas, il y a bien eu un américain à Paris ! Le choix a du être cornélien pour un paquet de
jeunots. L'ex-égérie keupon teuton Nina HAGEN s'exhibait le même soir chez Barnum ! Ah voir Nina HAGEN et
ses cheveux rouges ! Moi j'ai choisi, Nina, déjà vu dans les 80's, les GUITAR WOLF n'ont même pas besoin de
s'imposer. "Jesus ist Nina" susurrait Nina HAGEN en 1978 dans Auf m' Friedhof et la voilà ressuscitée
en crooner au Barnum. Quel cirque !
GUITAR WOLF attirent ! Le vaisseau lillois est bien plein ce soir. Il est vrai que l'affiche précisait aussi la
présence de jeux vidéos accessible à tous ! Qui visiblement avaient oublié d'embarquer ! Les rideaux s'ouvrent, une table,
du champ, un lampadaire, des fauteuils... Une forme sculpturale aux belles courbes et aux yeux légèrement bridée
accompagnée d'un guitariste au look bobo décadent nous emmènent dans un des mondes parallèles : celui de l'electro
péchu rappelant les ziques des clubs dit branchés des années 80 sur la frontière belge. PARK, groupe annoncé
comme coréen, sans doute des coréens du XIIIème arrondissement, est pour ainsi dire coincé entre un NACHT und NEBEL
plus speedé et un KAS PRODUCT version lounge. Un guitariste supplémentaire tout aussi déchiré et un autre chanteur
allumé complétait parfois la formation. La coréenne, sa plastique, les rythmes décalés, le côté faussement lounge nova
magazine branché, tout ce PARK, ont assuré une bonne mise en orbite de l'Aéronef. On n'attendait plus que l'atomic
trio jap pour l'envoyer aux confins de l'univers.
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Les nippons se font attendre, arrivent enfin sur un fond musical prémonitoire : les RAMONES. L'ambiance ne met
que peu de temps à s'installer. Ils jouent avec nos nerf les GUITAR WOLF. Ils arpentent la scène en long et en
large, claquent des accords bruyants histoire de nous énerver et prennent visiblement plaisir à nous faire languir,
provocant et se marrant ouvertement... Et la machine nippone se met en route. Impressionnant, un mur de sons, un tsunami
d'accords crochus s'accrochant à vous comme des morpions rageurs, une basse ronflante, potars bloqués à fond et une
batterie martyrisée par un dandy rockeur se recoiffant tous les 2 morceaux, vous claquent dans la tronche. Les GUITAR
WOLF bazardent en continu des missiles qui nous pètent à gueule ravageant tout sur leur passage comme explosion
nucléaire mais sans crime contre l'humanité. Que de l'énergie, rien que de l'énergie brute, elle en était palpable et
nous collait au cul comme une perlouze trop grasse. La scène remodelée par les 3 GUITAR WOLF dégoulinait de
partout, noyée par des torrents de décibels crachés par les Marshall. Les skeuds se suivaient à une cadence infernale,
destructeurs comme des orgues de Staline. Broyés on l'était dans la tête et physiquement. Ne parlons même pas du pogo
dont les marques bleues tachent mon dos. Ni du shoot au jugé et des cadrages approximatifs des nippons excités et
déchaînés ! N'en fout, j'avais un arme secrète, un flash. Il leur a bien claqué à la gueule mais dur, dur de riposter,
ils étaient bien protégés, les lascars, par leur ray ban made in Japan !
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Bien que ne sachant visiblement pas dépasser
les 3 accords et les 3 minutes du minimum syndical, leur atomic rock (ils seraient originaires de Nagasaki) se tape des
constructions compliquées qui leur sont d'ailleurs inaccessibles, seul le partage énergétique les intéresse et le gratteux
va même prêter sa 6 cordes (quoiqu'il devait déjà en manquait une ou deux) à un quidam qui jouait mieux qu'eux !
Il a d'ailleurs achevé quelques cordes, mais au diable, deux cordes sont largement suffisantes aux GUITAR WOLF
pour faire de la musique ! C'est Mozart qu'on assassine.
Frédéric Loridant
mai 2004
Frédéric Loridant
©2004